Dans les textes anciens, il est courant qu’une lettre ait différentes formes. C’est assez logique si l’on pense aux modalités d’écriture. Le scribe trace les lettres les unes après les autres, la lettre précédente a donc une influence sur la suivante.

Il faut donc distinguer :

  • La différence de graphie d’une lettre imputable à n’importe quelle écriture manuscrite. Une lettre peut être moins bouclée, plus ouverte, une hampe (trait vertical du P par exemple) peut être doublée. Fatigue, empressement, fin de ligne, les raisons en sont nombreuses.
  • La différence de graphie d’une lettre due à sa place dans le mot. Il ne faut pas oublier que la lettre majuscule et la minuscule peuvent avoir des formes très différentes. Il en va de même des lettres en début, milieu ou fin de mot. Les lettres doublées (surtout le double S) peuvent prendre une forme différente.

 

Acte de sépulture de Goès (XVIIIe siècle)
Différentes formes du D et du S dans un acte du XVIIIe siècle

Il est utile de réaliser pour soi un abécédaire reprenant les formes de lettres, en distinguant les majuscules des minuscules, l’époque du texte, mais aussi la localisation de la lettre dans le mot.

Note : entrainez-vous à reproduire le tracé du scribe sur des mots dont la graphie vous étonne. En reproduisant le geste, des tracés atypiques peuvent s’expliquer !

Cette particularité est une difficulté comme un atout pour le paléographe. Il faut certes s’habituer à chercher une lettre sous des traits très différents. Mais dans le même temps, si une lettre a toujours le même tracé en fin de mot, cette technique permet de repérer les fins ou débuts de mot plus aisément. Ceci est d’autant plus important que les espaces ou blancs entre les mots ne sont pas toujours signifiants (présence d’espace au sein d’un mot, mots liés entre eux).